Chronique : À l’aide ! Sauvons les mères et enfants camerounais !

Chronique : À l’aide ! Sauvons les mères et enfants camerounais !

Le corps de Monique Koumaté devant la maternité de Laquintinie.

Je ne suis pas favorable à la diffusion d’images ensanglantées ou de corps d’êtres qui ont connu leur dernier souffle. Tout simplement question de dignité. Mais parfois, nous avons besoin de VOIR et d’arrêter de faire la politique de l’autruche.

Encore une histoire où une femme qui pensait vivre le plus beau jour de sa vie, en vivra plutôt le dernier. Encore une qui pensait avoir rendez-vous avec la vie, mais qui en fait avait rendez-vous avec la mort.

Il n’y a même pas deux mois, c’était le Dr Hélène Ngo Nkana, qui se refusait l’accès aux soins à Laquintinie enceinte de son état. Et l’issue en fut fatale.

Aujourd’hui c’est une autre femme qui a perdu la vie à cause d’un système de santé inexistant, Monique Koumaté, 31 ans, mère de trois filles. Aucun suivi médical pour lui permettre de savoir même qu’elle attendait des jumeaux, pourtant ce sont des grossesses à risque. Elle est transportée vraisemblablement déjà décédée à ce même hôpital Laquintinie à Douala où l’on aurait peut-être pu sauver ses bébés où l’un d’eux. C’est une femme remplie de courage, qui essayera au moyen rudimentaire d’une lame d’extraire les bébés qui donnaient des coups dans le ventre de leur mère décédée, luttant déjà si tôt pour leur survie.

A-t-on perdu toute humanité ? L’hospitalité, la solidarité, la gentillesse, la compassion, la PITIÉ sont-elles des notions qui s’arrêtent aux frontières de l’hôpital au Cameroun ? Donner la vie a donc si peu d’importance dans notre société ? Finalement à quoi sert ce fameux serment d’Hippocrate, devrait-il être rebaptisé en serment d’hypocrite ? Le mot qui me vient à l’esprit quand je lis une telle histoire, c’est CRIME. Et mon cœur saigne…

Quelque soit le cas, ces morts sont le fruit d’un manque de prise en charge médicale appropriée. Dans notre pays, on vit au petit bonheur la chance et c’est Dieu qui nous garde comme on dit.

Saviez-vous que même un suivi classique de grossesse est un luxe chez nous ? Une échographie peut coûter jusqu’à environ 20 000 F. Un bilan prénatal peut aller jusqu’à 120 000 F. Autant vous dire que vous avez plutôt intérêt à avoir une grossesse et un accouchement sans complication. Ne parlons même pas de la prématurité … Seule la Fondation Chantal Biya a des couveuses pour les grands prématurés. Quand ce n’est pas ceci, ce sont les fistules obstétricales pour cause d’un temps de travail excessif et manque de césarienne (acte chirurgical), ou l’éclampsie pour cause de tension élevée.

Ceci doit CESSER. Je ne sais quelle serait la solution mais j’en appelle à l’humanité de tous pour y réfléchir et agir. Tout le monde est concerné car l’on imagine que tout le monde ou une grande majorité d’entre nous aspire à avoir des enfants un jour.

A défaut que les parlementaires fassent leur travail et proposent des lois qui nous importent vraiment. Peut-être les citoyens camerounais habilités à le faire devraient se pencher sur une proposition de loi qui impliquerait la gratuité du suivi de grossesse et de l’accouchement des femmes. Ou au moins le moment le plus risqué qui est l’accouchement ! En tout cas commençons quelque part ! Je pense tout de même au personnel médical qui devrait également être mieux payé. C’est quand même ce corps de métier qui nous garde en vie (ou pas) lorsque nous en avons besoin. Ils étudient de longues années pour l’un des métiers les plus essentiels au développement de toute société. Ils méritent de pouvoir vivre décemment. Comment en est-on arrivé à dédaigner ce noble métier ?

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Manifestation devant l’hôpital Laquintinie à Douala

Il y a depuis des années des cas et des cas de femmes et d’enfants qui meurent bêtement aux portes de la vie faute de soins. Faute de moyens. J’entends ces drames depuis mon adolescence. J’ai souvenir encore de ce militaire devenu fou qui plein de désespoir avait fusillé quelques membres du corps médical d’un hôpital de la capitale. Ce genre de drame ne devrait pas devenir de tristes faits divers auxquels on ne fait même plus attention tellement on est habitué. Je me refuse de me laisser aller à la fatalité.

En dehors de l’enfant ou la personne âgée, la femme enceinte est la plus fragile dans la société. Utilisons Internet déjà pour exprimer notre refus de ces pratiques et surtout notre indignation afin que les choses changent. Exprimons-nous !

Je suis déjà fière de mes compatriotes qui se sont déplacés à Laquintinie hier après-midi afin de manifester leur (notre) mécontentement. C’est un début. Maintenant j’exhorte toutes les associations de femmes ou dédiées à la protection de l’enfant, les ONG, les stars, les milliardaires, les camerounais lambda, d’unir leurs forces pour faire quelque chose pour remédier à ce problème qui nous concerne TOUS ! Les gens qui ont les moyens d’aller accoucher à l’étranger ne devraient pas fermer les yeux face à ceci. Si nous vivions sous embargo nous serions au moins forcés de nous pencher sur ce grave problème et le régler, à commencer par les plus nantis. Je suis sûre que nous serions plus loin si nous n’avions pas le choix.

Nous ne pouvons pas continuer à nous plaindre et croiser les bras pensant que cela se réglera seul. Je prie vraiment ceux qui le peuvent de se mobiliser de façon constructive afin que l’on sorte de ce bourbier. Ce n’est pas seulement une question d’argent. Mais avant tout d’union, d’action. Si nous le voulons, nous le pourrons.

Pour ma part, je viens de rajouter cette cause à celles pour qui je souhaiterais m’impliquer comme je pourrais. Il n’y a pas de petite contribution… Si un maximum pouvait, tant mieux pour notre pays. Car demain cela pourrait être votre sœur, votre femme ou amie.

Votre action peut commencer dès maintenant en signant cette pétition, lancée afin d’interpeller le Gouvernement camerounais, les médecins et le corps médical local de la nécessité que les vies humaines soient une priorité face à l’argent. Soyons solidaires, prenons notre destin, le destin du Cameroun entre nos mains.

R.I.P à Monique et à ses petits anges. Courage et condoléances à leur famille.

CVF

via Je Wanda Magazine

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